Merci pour ces notes qui nous permettrons de continuer à réfléchir en attendant le texte des interventions.
Journée diocésaine du 7 mars 2020 . Crypte ND-des-Champs
« L’accompagnement spirituel . Quel accompagnement ? Quels
accompagnateurs ? »
Matinée
Père Benoît Bourgoin, vicaire à ND-des-Champs : Introduction
Quelques verbes. Appeler.
Si je fais de l’écoute cela nécessite d’avoir le don mais aussi d’être
appelé. Par qui suis-je appelé ? Auprès de qui puis-je rendre compte de
mon service ?
Former : se
mettre à l’écoute de la parole du Christ. Nécessite d’être soi-même accompagné.
Sur quel point ai-je à porter une plus grande attention ?
Superviser : C’est une pratique courante pour les psys, moins courant pour les accomp spi. Il va falloir y réfléchir. Comment exercer cette supervision de mon écoute ?
Servir… « Le premier service dont nous sommes redevables aux autres, c’est de les écouter. De même que le commencement de notre amour pour Dieu consiste à écouter sa Parole, de même le commencement de l’amour du prochain consiste à apprendre à l’écouter. » Dietrich Bonhoeffer.
Certains font de l’écoute téléphonique, d’autre plus psy, d’autres sont dans un dialogue pastoral ou dans un rapport économique (thérapeute, coach)… Cette diversité est une richesse. Nous poursuivrons ces rencontres. Vos idées sont les bienvenues.
Je souligne la présence discrète des amis de saint Ignace : xavières, membres de CVX qui ont été la cheville ouvrière de cette journée.
Superviser : C’est une pratique courante pour les psys, moins courant pour les accomp spi. Il va falloir y réfléchir. Comment exercer cette supervision de mon écoute ?
Servir… « Le premier service dont nous sommes redevables aux autres, c’est de les écouter. De même que le commencement de notre amour pour Dieu consiste à écouter sa Parole, de même le commencement de l’amour du prochain consiste à apprendre à l’écouter. » Dietrich Bonhoeffer.
Certains font de l’écoute téléphonique, d’autre plus psy, d’autres sont dans un dialogue pastoral ou dans un rapport économique (thérapeute, coach)… Cette diversité est une richesse. Nous poursuivrons ces rencontres. Vos idées sont les bienvenues.
Je souligne la présence discrète des amis de saint Ignace : xavières, membres de CVX qui ont été la cheville ouvrière de cette journée.
« Qu’est-ce qu’un accompagnement spirituel ? »,
par Bernard Pitaud, sulpicien, formateur de prêtres.
L’acc spi (AS) n’est pas de l’ordre d’un savoir mais d’un
savoir-faire, donc de l’expérience. On lui a svt attribué comme qualification « l’art des arts » (ars artium), saint Grégoire le Grand. Il
parle du gouvernement des âmes, cad le travail pastoral. Ce gouvernement des
âmes peut s’appliquer à l’AS. L’AS est classé parmi les arts. L’accompagnateur
est co un artisan qui doit façonner l’objet d’art qu’est la personne humaine
entre les mains de D. Le véritable artiste est D lui-même. Image du potier.
1928 : Madeleine Delbrêl explique commence elle passe de l’art à l’art de
la charité dans un poème. L’AS a qc à voir avec la beauté. Et l’accompagnateur
verra parfois la charité transformer la personne ext et int.
On voit le caractère jamais achevé de
l’accompagnement : les vrais peintres reprennent sans cesse leur tableau.
L’artiste lui-même doit ê très conscient de ses limites, de son manque de
compréhension profonde de l’autre. Comment n’ai-je pas perçu le lien entre ces
2 événements dont la personne m’a parlé ? Autrefois, on faisait des
séances de questions/réponses. Il est facile de caricaturer le passé. On va
dire qu’hier on dirigeait et aujourd’hui on accompagne. Mais bien des
accompagnateurs d’aujourd’hui sont très directifs. Et autrefois, chez les
Sulpiciens, « M. Ollier écoutait
tout et remarquait de grands états de grâce à cette âme ». Il y a
toujours du parasitage sur la ligne. Il y a les filtres de notre propre
expérience. Les grands directeurs spi de l’histoire de l’Eglise insistent sur
le fait que chaque personne humaine est unique. Il ne faut pas avoir trop de
certitudes. Celui qui se croit un bon accompagnateur ne l’est déjà plus. Il y a
aussi les autocensures : les choses que nous n’avons pas assimilé dans
notre propre histoire. On a aussi des positions idéologiques. Celui qui est un
homme d’ordre risque de ne pas entendre le besoin de confrontation de l’autre.
Celui qui est sensible à l’injustice risque de réagir trop vivement si la
personne est victime d’une injustice. L’accompagnateur libre n’existe pas.
Deux dimensions
entrent en jeu :
-
le
relationnel : il faut se connaître. Etre conscient de ses réactions
spontanées et des risques. Il faut que l’autre accède à une liberté de plus en
plus grande. Le respect de sa liberté est le seul moyen de déployer ttes ses
possibilités. Il faut que la personne puisse dire « je ».
-
le
spirituel. En m tps, on souhaite que cette personne marche vers la liberté
évangélique, vers la charité. Elle est ouverture à l’autre jusqu’au don de soi.
« Il les aima jusqu’au bout ». L’écoute n’est pas neutre. Elle ne va
pas sans désir. Le désir de l’accomp va aider la personne à croire qu’elle peut
accomplir sa vie, trouver un espace de libération. Ce désir de l’accomp va
s’exprimer à travers un encouragement, la perception d’une pte lumière dans le
tunnel qu’on croyait obscur. Tout n’est pas possible mais le progrès est tjs
possible. Tout l’art consiste à ce que cette foi s’exerce dans le plus gd
respect de la liberté.
L’église n’a jamais rendu obligatoire l’AS, dont le but est de marcher vers la sainteté, sauf pour les futurs prêtres et religieux. Il y a là deux désirs qui se rencontrent dont l’un soutient l’autre. Mais le désir de la personne accompagnée est-il tjs si clair ? Non. Des personnes viennent vous voir parce qu’elles ont un pb et qu’elles cherchent une solution chrétienne mais qd le pb est dépassé, la question de l’accomp se repose. Il est possible qu’elle ait perçue des enjeux plus profonds. La place du rapport à D peut alors s’amplifier. Ou ce sera la découverte des mouvements intérieurs qui permettent de découvrir l’action de l’Esprit Saint. Le travail sur soi peut devenir un lieu de révélation. C là que le rôle de l’accomp est majeur. Il y a tt un chemin qui s’ouvre. D’autres en resteront là. C’est ainsi. Ce n’est peut-être pas le moment pour la personne d’aller plus loin. L’accomp a surtout touché les milieux monastiques. On peut se servir des conseils des moniales et des moines. C surtout à partir de la Renaissance, qu’on a compris que la sainteté n’était pas réservée aux moines. Les exercices de saint Ignace… Puis saint François de Sales est reconnu comme un grand directeur spirituel. C au moment où la société se transforme au bénéfice de l’individu que l’AS prend de l’importance. Ts les gdes directeurs spi du 18è siècle (Jean-Jacques Ollier, Nicolas Barré…) affirment que chaque personne est unique. A partir de là, l’AS ne peut pas se réduire à une série de conseils stéréotypés car le travail de l’Esprit saint se fait d’abord en l’autre. Il faut l’aider à comprendre que cette rencontre qui l’a réjouie, est peut-être un message que D lui adresse. C’est pour cette raison que l’AS se situe sur le registre de l’écoute car nous ne sommes pas des devins. On ne comprend pas mieux que l’autre ce qui se passe en lui. Nous ne sommes pas tout puissants. Les faits nous obligent à être humbles. Il faut lui permettre d’aller jusqu’au bout de sa parole pour venir au monde une nouvelle fois.
L’église n’a jamais rendu obligatoire l’AS, dont le but est de marcher vers la sainteté, sauf pour les futurs prêtres et religieux. Il y a là deux désirs qui se rencontrent dont l’un soutient l’autre. Mais le désir de la personne accompagnée est-il tjs si clair ? Non. Des personnes viennent vous voir parce qu’elles ont un pb et qu’elles cherchent une solution chrétienne mais qd le pb est dépassé, la question de l’accomp se repose. Il est possible qu’elle ait perçue des enjeux plus profonds. La place du rapport à D peut alors s’amplifier. Ou ce sera la découverte des mouvements intérieurs qui permettent de découvrir l’action de l’Esprit Saint. Le travail sur soi peut devenir un lieu de révélation. C là que le rôle de l’accomp est majeur. Il y a tt un chemin qui s’ouvre. D’autres en resteront là. C’est ainsi. Ce n’est peut-être pas le moment pour la personne d’aller plus loin. L’accomp a surtout touché les milieux monastiques. On peut se servir des conseils des moniales et des moines. C surtout à partir de la Renaissance, qu’on a compris que la sainteté n’était pas réservée aux moines. Les exercices de saint Ignace… Puis saint François de Sales est reconnu comme un grand directeur spirituel. C au moment où la société se transforme au bénéfice de l’individu que l’AS prend de l’importance. Ts les gdes directeurs spi du 18è siècle (Jean-Jacques Ollier, Nicolas Barré…) affirment que chaque personne est unique. A partir de là, l’AS ne peut pas se réduire à une série de conseils stéréotypés car le travail de l’Esprit saint se fait d’abord en l’autre. Il faut l’aider à comprendre que cette rencontre qui l’a réjouie, est peut-être un message que D lui adresse. C’est pour cette raison que l’AS se situe sur le registre de l’écoute car nous ne sommes pas des devins. On ne comprend pas mieux que l’autre ce qui se passe en lui. Nous ne sommes pas tout puissants. Les faits nous obligent à être humbles. Il faut lui permettre d’aller jusqu’au bout de sa parole pour venir au monde une nouvelle fois.
-
La parole humaine doit être mise sous la Parole
divine. Le rôle de l’accomp est alors de proposer un texte. C’est ainsi qu’on
apprend à tricoter sa vie avec la Parole de Dieu. C’est en accomp cet
itinéraire que l’accompagnateur apprend la patience. On apprend que la course à
la sainteté est de longue haleine. On doit être patient avec nous-mêmes. On a
parfois l’impression de régresser. L’impatience est mauvaise conseillère pour
nous et la personne accompagnée. Il faut donner confiance.
-
Je voudrais souligner la dim ecclésiale de l’AS.
Il est vécu en // avec le rapport à la Parole et aux sacrements. Un des buts c
de permettre à chacun de trouver sa place dans l’Eglise. Enfin l’AS doit
permettre de s’ouvrir aux autres pour former le corps ecclésial.
Conclusion :
Nathalie Nothomb dans Soif fait
parler Jésus sur son père adoptif, Joseph : « Il écoutait si fort qu’on croyait entendre sa réponse ».
Cela paraître comme un idéal. Celui que Zundel appelle « le géant du silence », Joseph, devait parfois parler.
Je préfère la figure de Jean-Baptiste, l’ami de l’époux, qui s’efface. Il
laisse la rencontre s’effectuer en-dehors de lui.
« Posture de l’accompagnateur », par
Paul Hervé Vintrou, coach, enseigne la manière d’accompagner
professionnellement, AS à Saint-Gervais.
J’ai suivi de nbses formations
dont Cacuna au Cénacle au Canada. Nous sommes une 12zaine d’accomp à
Saint-Gervais, aux fraternités monastiques de Jérusalem. Auteur d’un manuel de
l’accomp spi qui sort la semaine prochaine. 12 dispositions de l’AS :
1) comprendre ce qu’est l’AS dont la diff entre AS et A psycho
2) nommer Dieu. Il faut annoncer la couleur. Ce n’est pas tjs le
cas ! Mais comment accompagner aux périphéries ? Moi, j’accompagne au
nom de D, le père, le fis et le SE. Il faut expliquer qu’on est 3 : moi,
l’accomp et Dieu.
3) aimer inconditionnellement la personne que j’accompagne. C’est
une décision que je prends.
4)la déontologie. C vivre avec ses limites, ses blessures. Etre formé. « Mon avis a tjs été que chaque chrétien doit communiquer avec quelqu’un d’instruit et éclairé », Thérèse d’Avila. Laisser la personne que nous accompagnons libre de partir. Nous ne sommes que des passants. Etre supervisé. garantir la confidentialité : permet à l’accomp d’ê un lieu où tout peut se dire. Etre envoyé. Je ne peux pas décider tt seul que je suis accompagnateur !
4)la déontologie. C vivre avec ses limites, ses blessures. Etre formé. « Mon avis a tjs été que chaque chrétien doit communiquer avec quelqu’un d’instruit et éclairé », Thérèse d’Avila. Laisser la personne que nous accompagnons libre de partir. Nous ne sommes que des passants. Etre supervisé. garantir la confidentialité : permet à l’accomp d’ê un lieu où tout peut se dire. Etre envoyé. Je ne peux pas décider tt seul que je suis accompagnateur !
5) Créer un climat de confiance. « Là où est l’amour là où il
y a l’œil ». Je me remplis l’œil d’amour pour regarder l’autre. La
patience. Passage de la bible où l’on veut couper le figuier stérile :
« Seigneur, laisse-le encore une année »…
6) Demeurer un : éviter la séduction, face au phénomène
d’emprise. Agréer ce qui advient. Un accompagnateur n’est pas « choquable ».
Ecouter les horreurs qu’on peut entendre. Savoir que ce n’est pas moi, mais lui
qui accompagne. « N’essayez jamais de vous imposer à vos frères. Vous
ferez très bien mais la grâce peut davantage ».
7)Ecouter avec tous nos sens. « Faites attention à la manière dont vous écoutez » Lc 8,18.
7)Ecouter avec tous nos sens. « Faites attention à la manière dont vous écoutez » Lc 8,18.
8)Questionner. Se rendre compte qu’on questionne… par Jésus-Christ.
J’échange avec l’accompagné mais je sais que sa parole doit-être traversée par
la parole du Christ. Questionner pour tt évoquer et qu’on parle au bénéfice de
la personne. Jean-Yves Leloup raconte qu’une paysanne sollicitait l’avis d’un
staretz. Elle demandait comment gérer les dindons. Pq ? Parce que les
dindons c toute sa vie. Je dois m’intéresser aux dindons de la personne.
J’accompagne la personne dans ce qu’elle a à vivre.
9)Dire la parole. Prier pour l’accompagné. Je prie avant la
rencontre, après et entre les rencontres. J’ai découvert Thérèse d’Avila qui
disait : « Ce qui est de la plus haute importance, c’est de parler à
votre confesseur de la manière dont vous vivez l’oraison ».
10) Oser regarder les blessures et les peurs. J’aide la personne à
accueillir la situation douloureuse qu’elle vit par D, avec D et en D.
Libérer les personnes de croyances limitantes, la culpabilité, le souci de la perfection… Et accueillir la souffrance. Bernanos écoute une grande douleur du médecin : « j’essaie de recevoir humblement cette douleur dans mon cœur… et je comprends l’expression « communier avec » car cette douleur, je la communie ».
Libérer les personnes de croyances limitantes, la culpabilité, le souci de la perfection… Et accueillir la souffrance. Bernanos écoute une grande douleur du médecin : « j’essaie de recevoir humblement cette douleur dans mon cœur… et je comprends l’expression « communier avec » car cette douleur, je la communie ».
11) Unifier le corps, le cœur avec l’âme. Accompagner le
corps : apprendre à respirer. Voir comment je fais exprimer des
sentiments, des ressentis ? Faire nommer à la personne ce qu’elle ressent
lui permet d’avancer.
12) Ouvrir le champ des possibles : voir D en toute chose. Les
accompagnés se demandent comment rejoindre D dans leur vie quotidienne. Je leur
donne des exemples : vous allez vivre telle rencontre par JC et en JC.
Essayer de faire voir différemment. Explorer de nlles manières de faire. On peut
s’appuyer sur des images, des symboles. J’utilise 200 cartes postales d’œuvres
d’art pour lui proposer de voir les choses différemment. On peut proposer aussi
à la personne de dessiner.
S’offrir au monde : ouvrir au monde par rapport à ce qui se
passe. Voir comment je vais l’aider à porter du fruit dans sa vie quotidienne.
Conclusion : C important de se montrer joyeux tout au long de
l’accompagnement. Une joie intérieure, celle qui est donnée par le Christ. Car
le sourire est contagieux. Transmettre cette allégresse de Jésus. Sourire c’est
donner mon cœur.
« Différentiation ente accompagnement
spirituel et psychologique », par Pascal Parinet, psychanalyste et
psychothérapeute Gestald, formateur en relation d’aide.
Gestald.
C’est
une méthode qui travaille ds l’instant présent sur le processus (comment cela
se passe ?). On travaille sur l’expression des émotions, l’intentionnalité
(ds quelle intention j’adopte ce type de comportement ?), la fluidité des
relations à soi-même et aux autres.
Comment repérer ce qui relève du psy et du spi ? Comment différencier l’accomp ? On ne regarde pas l’ho de la même façon. Les objectifs sont différents aussi ? Soigner des troubles psychiques ou aider la personne à progresser dans sa vie chrétienne.
- La séparation des fonctions : accueil en paroisse, dans une dim sociale ou psychothérapie… Il faut rester dans le cadre où nous sommes.
Comment repérer ce qui relève du psy et du spi ? Comment différencier l’accomp ? On ne regarde pas l’ho de la même façon. Les objectifs sont différents aussi ? Soigner des troubles psychiques ou aider la personne à progresser dans sa vie chrétienne.
- La séparation des fonctions : accueil en paroisse, dans une dim sociale ou psychothérapie… Il faut rester dans le cadre où nous sommes.
Le
transfert va être un mécanisme qui consiste à projeter les aspects de
personnalité pour répéter une relation infantile. C un processus inconscient.
Un accomp ne peut pas tout faire. Sinon risque de basculement dans la toute-puissance. En gl, on s’inscrit dans une tradition, ignatienne ou saint Frs de Sales pour l’accomp spi. L’accom psy : rendre conscient les mécanismes du mal-être pour trouver d’autres ressources. La psycho concerne aussi la créativité de la personne. En Gestald, on dit que quand on va mal la croissance s’arrête. L’objectif, c’est qu’elle reprenne. On accueille la personne dans sa globalité. Elle peut vouloir parler de sa foi avec son psychothérapeute. IL y a d’un côté l’écoute et sa méthode qui en fait sa spécificité. Un psy peut être à l’écoute du patient qui parle de sa foi. Il peut l’aider à prendre conscience de son idéalisation… L’AS ne va pas intervenir au niveau des mécanismes psychiques mais il peut voir co la foi peut l’aider à se sentir mieux.
Un accomp ne peut pas tout faire. Sinon risque de basculement dans la toute-puissance. En gl, on s’inscrit dans une tradition, ignatienne ou saint Frs de Sales pour l’accomp spi. L’accom psy : rendre conscient les mécanismes du mal-être pour trouver d’autres ressources. La psycho concerne aussi la créativité de la personne. En Gestald, on dit que quand on va mal la croissance s’arrête. L’objectif, c’est qu’elle reprenne. On accueille la personne dans sa globalité. Elle peut vouloir parler de sa foi avec son psychothérapeute. IL y a d’un côté l’écoute et sa méthode qui en fait sa spécificité. Un psy peut être à l’écoute du patient qui parle de sa foi. Il peut l’aider à prendre conscience de son idéalisation… L’AS ne va pas intervenir au niveau des mécanismes psychiques mais il peut voir co la foi peut l’aider à se sentir mieux.
-Distinguer le normal du pathologique : le normal est difficile à discerner. Ce pourrait être
l’absence de souffrance pour la personne et son entourage. Et en même temps, il
nous arrive à tous de souffrir sans que cela soit pathologique, comme lors d’un
deuil. Du coup, ce sera lié à l’intensité. Si vous pleurez face à une perte,
c’est normal, mais si vous pleurez sans savoir l’origine de votre tristesse, il
y a qc qui ne va pas. C le trop ou le pas assez dans la durée.
Un exemple : vous avez entendu parler « des maladies
spirituelle » des pères du désert. Prenons la gourmandise. Elle pourra
être rééquilibrée par la vertu de tempérance. La personne pourra exercer et
fortifier son libre arbitre. Boulimie : la personne subit des aspects
psycho (pulsion, anxiété) et le psy ne conseillera pas la tempérance mais
aidera à la prise de conscience des mécanismes à l’origine du trouble. On
pourra suggérer à la personne d’aller vers la gourmandise pour retrouver le
plaisir de manger plutôt que de rester dans la pulsion. La pbtique ne relève
pas du même registre.
L’accompagnant
spi regarde le rééquilibrage par les vertus ; le psy va s’intéresser aux
mécanismes inconscients. Trouble psy si la personne dit : « Je ne
peux pas m’en empêcher ». Avec le libre arbitre, il y a la question de la
conscience. Ce qui est conscient c le symptôme. Ds la dim spi, la conscience
reste présente.
On voit
l’importance de distinguer les pbtiques. Le chrétien pense en terme spirituel
mais cela ne favorise pas tjs la bonne prise en charge. A l’inverse, certains
psys ne voient que l’aspect psy ce qui est une erreur. Le bon sens peut les
aider. Le trop ou le pas assez dans la durée constituent un signal. Mais aussi
l’histoire de la personne, la souffrance…
Et aussi le ressenti de l’accompagnateur. Il y a aussi le
contre-transfert : c ce qui se passe ds l’accompagnateur. La fatigue,
l’agacement… sont autant de signaux. Accompagner des personnes en souffrance
n’est pas neutre. Cela nous affecte aussi consciemment et dans notre fonctionnement
inconscient. On doit avoir un pied dans la rivière (empathie) et un pied sur la
berge. Important : la relecture de l’entretien, la supervision, le travail
sur soi, une psychothérapie qd tous les mécanismes n’auront pas suffi.
Quelles troubles psy s’expriment
religieusement ?
-Ce
sont les mécanismes de projection. On projette des images paternelle ou
maternelles sur Dieu.
-L’idéalisation
et la pensée magique qui relèvent de l’illusion infantile.
-Les
scrupules obsessionnels sur des aspects religieux.
-La
notion de sacrifice qui peut renvoyer au masochisme.
-Le
délire mystique qui peut être difficile à discerner.
A l’inverse, il y a des synergies
importantes :
-
Le pardon qui est une
grâce
-
Les contraintes
existentielles : la solitude, la mort, le sens de la vie. Il y aura une
synergie entre AS et psycho.
-
Il arrive qu’une
conversion guérisse une dépression ou une addiction. Les alcooliques anonymes
sont dans une vision chrétienne de se remettre à plus grand que soi.
Dans de
nbx cas AS et A psycho permettent d’unifier la personne.
Conclusion : la réalité est plus complexe que ce que je viens de dire. La
vision binaire corps/âme ne facilite pas la diff entre psycho et spi. Je préfère
la vision ternaire : corps, âme, esprit. La différenciation de ces 3
registres est importante pour faciliter l’accomp. Il faut prendre en compte les
attentes et les besoins de la personne, en sachant qu’il y a une
complémentarité entre l’accomp médical, psycho, spi et social. Il ne s’agit pas
d’exclure l’un ou l’autre. Ces accompagnements sont cumulables dans la mesure
où ils correspondent aux besoins de la personne.
QUESTIONS/REPONSES AVEC LA SALLE
Des personnes demandent des prières de
libération pendant l’AS ?
Père Bernard Pitaud : Je ne sais pas faire ! Je n’ai jamais eu cette demande. Je commencerais par dire à la personne : pourquoi vous me demandez cela ? Libération de quoi ? Il y a souvent un rapport à des forces occultes ou démoniaques. On peut prier avec qq pour que la personne soit libérée.
Père Bernard Pitaud : Je ne sais pas faire ! Je n’ai jamais eu cette demande. Je commencerais par dire à la personne : pourquoi vous me demandez cela ? Libération de quoi ? Il y a souvent un rapport à des forces occultes ou démoniaques. On peut prier avec qq pour que la personne soit libérée.
Comment accompagner vers la vie sacramentelle ?
P Pitaud : Un des moyens de progrès dans la vie spirituelle, c’est la vie sacramentelle. Ds l’accomp, c’est une question qui doit venir. La place que va prendre l’eucharistie dans la vie des gens... De temps en temps devrait venir la question de la place que l’on accorde à la vie sacramentelle.
P Pitaud : Un des moyens de progrès dans la vie spirituelle, c’est la vie sacramentelle. Ds l’accomp, c’est une question qui doit venir. La place que va prendre l’eucharistie dans la vie des gens... De temps en temps devrait venir la question de la place que l’on accorde à la vie sacramentelle.
Quels sont les éléments qui permettent de
discerner ce qui relève d’un trouble de la vie psychique et spi ?
Pascal Parinet : Prenons l’exemple du scrupule. S’il arrive parce qu’on a fait qc de mal, c’est normal. Mais si cela devient obsessionnel, cela devient un trouble psychique.
Pascal Parinet : Prenons l’exemple du scrupule. S’il arrive parce qu’on a fait qc de mal, c’est normal. Mais si cela devient obsessionnel, cela devient un trouble psychique.
Préciser ce que veut dire « questionner
par Jésus-Christ » ? Quelle forme doit prendre le questionnement de
l’accompagné pour ne pas être intrusif ?
Paul Hervé Vintrou : quand je suis dans une relation fraternelle, je m’intéresse à la personne. C’est parce que JC demeure en moi que je peux poser une question.
Paul Hervé Vintrou : quand je suis dans une relation fraternelle, je m’intéresse à la personne. C’est parce que JC demeure en moi que je peux poser une question.
Les membres de l’eglise en accompagnement spi
sont-ils supervisés ?
Père Bernard Pitaud : Je ne suis pas sûr qu’il y ait bcp de supervision. C’est difficile de constituer des groupes dans les diocèses pour des pbs de discrétion. Car on apporte un cas et on explique comment cela s’est passé. Et pourtant, je ne connais rien de plus efficace que la supervision ! Mais c’est difficile à mettre en œuvre et cela suppose un volontariat.
Père Bernard Pitaud : Je ne suis pas sûr qu’il y ait bcp de supervision. C’est difficile de constituer des groupes dans les diocèses pour des pbs de discrétion. Car on apporte un cas et on explique comment cela s’est passé. Et pourtant, je ne connais rien de plus efficace que la supervision ! Mais c’est difficile à mettre en œuvre et cela suppose un volontariat.
A quoi l’accompagnateur peut-il jugé que
l’accompagnement porte du fruit ?
Père Bernard Pitaud : Cela se voit. Quand des gens laissent la prière s’installer dans leur vie. Quand l’eucharistie devient essentielle. Quand ils font le lien entre la Parole et leur vie quotidienne. Quand ils se libèrent de choses dont ils se sentaient esclaves. Un accompagnement régulier produit normalement des fruits. La question de la durée et de l’intentionnalité sont importantes.
Père Bernard Pitaud : Cela se voit. Quand des gens laissent la prière s’installer dans leur vie. Quand l’eucharistie devient essentielle. Quand ils font le lien entre la Parole et leur vie quotidienne. Quand ils se libèrent de choses dont ils se sentaient esclaves. Un accompagnement régulier produit normalement des fruits. La question de la durée et de l’intentionnalité sont importantes.
Avec quoi je prends mes décisions ?
Pascal Parinet : C’est avec notre conscience. La force de notre décision peut ne pas être suffisante/à certains mécanismes comme la boulimie. La pulsion peut être plus grande que la décision.
Pascal Parinet : C’est avec notre conscience. La force de notre décision peut ne pas être suffisante/à certains mécanismes comme la boulimie. La pulsion peut être plus grande que la décision.
Peut-on travailler le transfert et
contre-transfert ds l’AS ?
Pascal Parinet : Je ne vous le conseille pas. Cela est inconscient. En psychanalyse, c’est un outil pour soigner la personne. En Gelstad, on bloque parfois le transfert en disant « je ne suis pas ton père ». Et on travaille le contre-transfert en supervision. On va dire : « je suis inquiet pour lui » ou « il m’énerve »…
Pascal Parinet : Je ne vous le conseille pas. Cela est inconscient. En psychanalyse, c’est un outil pour soigner la personne. En Gelstad, on bloque parfois le transfert en disant « je ne suis pas ton père ». Et on travaille le contre-transfert en supervision. On va dire : « je suis inquiet pour lui » ou « il m’énerve »…
Où est la limite entre silence et parole de
la part de l’accompagnateur ?
Paul Hervé Vintrou : Etre silencieux, c’est écouter.
Paul Hervé Vintrou : Etre silencieux, c’est écouter.
Comment l’accomp spirituel chrétien peut-il
intervenir ds des milieux non-chrétiens (soins palliatifs) ?
Paul Hervé Vintrou : J’ai lu le livre de Claire Fourcade, un médecin qui accomp dans le cadre des soins palliatifs. A lire.
Paul Hervé Vintrou : J’ai lu le livre de Claire Fourcade, un médecin qui accomp dans le cadre des soins palliatifs. A lire.
Pouquoi les mécanismes de défense ?
Pascal Parinet : La projection est un de ces mécanismes.
Facilitateur de croissance, supervision… comment organiser tout cela ?
Pascal Parinet : Je la pose aux organisateurs…
Pascal Parinet : La projection est un de ces mécanismes.
Facilitateur de croissance, supervision… comment organiser tout cela ?
Pascal Parinet : Je la pose aux organisateurs…
DEJEUNER
APRES-MIDI
« Les abus de conscience : liberté /
emprise », par Jean-Guilhem Xerri, psychanalyste et essayiste, auteur de Prendre soin de son âme. Et Revivez de l’intérieur.
Les révélations récentes révèlent
que l’AS peut-être le terreau pour des abus. La psycha a bcp travaillé le pb de
l’emprise. Le transfert est un lieu d’excellence pour l’emprise. L’emprise = empiètement, pouvoir, empire. L’abuseur empiète
sur une intimité. Déf. : c’est une domination qui peut être physique,
intellectuelle, psycho et spirituelle. Elle amène à une atteinte à la liberté
de l’exercice de son désir profond. Freud a bcp travaillé sur le sujet.
Jean-Claude Maes a bcp travaillé sur le sujet. Du côté de l’abuseur :
pulsion de mort, séduction narcissique très altérée. Il s’agit de l’annulation
du désir de l’autre. Une neutralisation du désir de l’autre. Il ne s’agit pas
pour l’abuseur de voir l’autre souffrir – ce qui est le cas du sadisme. On est ds
qc qui se rapproche de l’ignorance du
désir de l’autre. Ce qui se joue, c’est une réduction de l’altérité. Il s’agit d’envahir le désir de l’autre
pour la faire disparaître à son profit. On peut penser au masochisme :
éprouver le désir d’être dominé. Ou aux courtisans : la servilité. Ou le
syndrome de Stockholm : une victime a des sentiments pour des bourreaux.
Les réalités vécues et qui se déploient dans une relation sont polysémiques.
Les diff phases de l’emprise pathologique, ce sont les diff phases du deuil (déni, tristesse,
colère…). Elles ne sont pas forcément pathologiques. Il n’y a jamais d’abus à
deux mais toujours trois.
1ère phase : la séduction – physique ou… intellectuelle. Cette phase est toujours présente sur différents registres.
1ère phase : la séduction – physique ou… intellectuelle. Cette phase est toujours présente sur différents registres.
2è élément : les
personnes particulièrement en risques de se trouver ss une emprise pathologique
sont des personnes en quête, en
« remaniement existentiel ». On sort d’une phase difficile, on
cherche du sens… L’abuseur va se
présenter comme celui qui s’est mis au bout de la quête.
3è élément : le vice de consentement. On fait un pas de plus. L’abuseur va faire dire à la
victime ce qu’il attend d’elle. On travestit le consentement. Ex : une
jeune religieuse qui n’a pas encore fait ses vœux dit : « Je veux me
donner au Seigneur ». « Mais tu sais que je suis le représentant au
Seigneur, pour te donner au Seigneur, donne-toi à moi ! ». C’est là
que les abus spirituels sont destructeurs.
4è élément : le syndrome de Stockholm : en Suède braquage de banque qui a duré plusieurs jours. Stupeur à la TV de voir qu’à la fin du kidnapping, certains des otages clamaient leur sympathie pour les agresseurs. On le voit dans toutes les situations où il y a une mise sous dépendance. C’est un mécanisme défensif pour survivre, une « formation réactionnelle », pour l’ego n’explose pas devant la menace permanente et durable. On a cela aussi dans les violences faites aux femmes.
5è élément : la dépendance à la relation. C’est aussi une annulation du désir.
4è élément : le syndrome de Stockholm : en Suède braquage de banque qui a duré plusieurs jours. Stupeur à la TV de voir qu’à la fin du kidnapping, certains des otages clamaient leur sympathie pour les agresseurs. On le voit dans toutes les situations où il y a une mise sous dépendance. C’est un mécanisme défensif pour survivre, une « formation réactionnelle », pour l’ego n’explose pas devant la menace permanente et durable. On a cela aussi dans les violences faites aux femmes.
5è élément : la dépendance à la relation. C’est aussi une annulation du désir.
6è élément : la déconstruction de la personne. C’est le désir profond de l’autre qui est altéré.
Dans ces contextes, il est rare
qu’il y ait un abus à deux (abuseur/victime), il y a souvent un 3è terme. Exemple : le père Preynat, les
bonnes familles lyonnaises savaient. Mais il parlait bien, son patronage
fonctionnait bien… Tel ou tel amène des vocations, il a un charisme incroyable.
Jean Vanier : le 3è terme, c’est tous ceux qui valorisent la personne. Dans
les familles, là où il y a 99 % des abus qui abuse ? Le tonton super, le
parrain génial. Il abuse… parce qu’il est génial. C’est un élément majeur.
C’est quoi ce besoin d’avoir des saints et des idoles ? Dans le psychisme
humain, le besoin d’idolâtrie est inscrit selon Freud.
L’emprise est le propre de toute
relation asymétrique. Le pb ce n’est pas l’emprise mais la transgression. Ex de transgression pour un psy : le psy se
met en colère et engueule la personne qu’il reçoit. Autre ex : des
comportements non appropriés comme poser des questions intrusives, rompre
le secret, faire des confidences personnelles à son patient. Ou se laisser
séduire. Les passages à l’acte sensuels ou sexuels. Une augmentation du prix de
la séance autoritaire. Si on veut schématiser, il y a deux cas de figure :
-
Il peut y avoir une transgression ponctuelle et
occasionnelle. Je me suis laissé séduire par une patiente. On ne m’y
reprendra pas ! On est du côté d’une
dérive. On est du côté du contre-transfert. Je vais être sensible à telle
tentative de séduction… Cela a touché qc en moi. Cela se travaille
-
La transgression est récurrente et structurelle. Elle n’est pas liée au contre-transfert mais elle est
liée à la structure psychique de la
personne. Quand on a affaire à un psy qui est toujours dans la
transgression, cela veut dire que cette personne ne peut pas fonctionner
autrement.
-
-L’emprise normale
suppose un attachement. On est du côté d’une guérison. Il n’y a pas l’intentionalité
d’une emprise. Elle se déploie dans un transfert qui est analysé et
conscientisé.
-L’emprise
pathologique suppose un asservissement, un rétrécissement de la liberté
profonde. On est du côté de la prédation, de la maltraitance, de la dépendance.
On est dans le fantasme du psy abuseur. Suppression de l’altérité.
Quand on est dans une relation
d’aide, il faut accepter l’asymétrie constitutive de cette relation. Qd on sent
qu’il y a qc d’affectif qui se joue, il faut l’accepter.
L’attitude ? Freud était venu se former à Paris à la Pitié Salpêtrière chez Charcot. On pratiquait l’hypnose autoritaire. Il l’a pratiquée. Il a observé que cet exercice était inefficace et que cela suscitait un risque d’entrer dans une séduction narcissique. Il y avait un dévoiement de qc. C’est comme cela qu’est née la psychanalyse ! C’est au thérapeute de s’abandonner au chemin pris par le patient. Il a mis en place une éthique de l’abstinence (et non de la neutralité). Respect total du fort interne. Le cadre qui protège : je ne reçois pas des patients à toute heure du jour et de la nuit, les entretiens durent 45 mn… Il y a une analyse du transfert. Le psy n’est pas au service de l’autre mais au service de la relation du patient avec lui-même (de l’accompagné avec Dieu pour l’AS).
L’attitude ? Freud était venu se former à Paris à la Pitié Salpêtrière chez Charcot. On pratiquait l’hypnose autoritaire. Il l’a pratiquée. Il a observé que cet exercice était inefficace et que cela suscitait un risque d’entrer dans une séduction narcissique. Il y avait un dévoiement de qc. C’est comme cela qu’est née la psychanalyse ! C’est au thérapeute de s’abandonner au chemin pris par le patient. Il a mis en place une éthique de l’abstinence (et non de la neutralité). Respect total du fort interne. Le cadre qui protège : je ne reçois pas des patients à toute heure du jour et de la nuit, les entretiens durent 45 mn… Il y a une analyse du transfert. Le psy n’est pas au service de l’autre mais au service de la relation du patient avec lui-même (de l’accompagné avec Dieu pour l’AS).
La formation et la supervision : la supervision est indispensable. Une supervision
spi et psy.
La formation : c’est
nécessaire de connaître les pièges de la relation d’aide.
« Supervision et supervisé », par Micheline Claudon
(à la retraite, appelée auprès du diocèse de Paris) et Caroline Dry (consacrée,
de spi ignatienne, 54 ans), psychologues cliniciennes.
MC : On va répondre
partiellement. J’ai été frappée ce matin par le fait que cette question de la
supervision n’allait pas de soi. Est-ce qu’on a le droit de s’écouter ?
Est-ce un devoir de s’écouter ? J’avais coutume de dire à mes jeunes collègues :
« Tu soignes qui dans la famille en
faisant ce métier ? ». Il faut se demander quels bénéfices cela nous
apporte personnellement. Qu’est-ce que cette posture vient réveiller en
moi ? N’ayez pas peur de la supervision. Cela va vous permettre de grandir.
C’est incontournable pour les psychologues mais personne ne vient vérifier
qu’ils sont supervisés. J’ai tel accompagnement, comment moi cela
m’anime ?
CD : Je vais
essayer de partir de ma propre exp d’être supervisée dans mon accompagnement
spi. Le terme de supervision est assez récent et correspond à qc de la
redécouverte de l’AS individuel par d’autres personnes que les moines.
Définition de la
« supervision » :
-super/au-dessus/d’une expérience
plus profonde,
- « contrôler un travail qui
a été fait sans entrer dans les détails ».
Un contrôle se fait toujours / à quelque
chose. Réviser implique re-viser. Vérifier une qualité générale dans un
mouvement. C’est une rencontre entre deux accompagnateurs. Un superviseur qui
va écouter quelque chose de la dynamique, relue par la supervisée.
MC : Ds l’accomp
spi, le psy va chercher une validation de son travail. Mais ils ne sont que
deux. Or ds l’AS, on est à trois. « Le
terme de supervision est un terme fourre-tout » (Journal des psychologues). Quand on est accomp, c’est important
d’être à l’écoute de ses propres mouvements psychiques.
CD : Je partage mon expérience de supervisée. Qu’est-ce que j’ai
perçu ds ma relecture de mes mouvements ? Paix, joie, tristesse ?
Qu’est-ce que j’ai ressenti ? Il n’y a aucune vérité psychologique qui ne
soit concordante avec la dim de l’être spirituel. La vérité de l’être
psychologique ne peut être que concordant qu’avec l’unité de l’être spirituel.
2è axe sur la forme. Ce qui
peut nous aider pour l’accompagnement ? Suis-je restée silencieuse ?
Pourquoi ? Ai-je écouté jusqu’au bout ? Il s’agit de verbaliser les
mouvements qui m’ont traversée.
MC : J’ai été
interviewée sur la question des addictions. Et j’ai eu plusieurs demandes
d’accompagnement après parce que j’étais chrétienne.
Où chercher de la supervision ?
Qd on appelle à l’AS, on doit proposer de la formation et de la supervision qui
est une formation continue et tjs nécessaire. Avant d’accepter d’accompagner
spi, il faut demander des espaces de supervision (dans un centre spirituel,
dans un groupe à monter…).
« La mission ecclésiale de l’accompagnement », Mgr
Benoist de Sinety, vicaire général.
Je suis prêtre à Paris depuis 22
ans et depuis 4 ans vicaire gl. Deux anecdotes qui m’ont fait réfléchir :
-Qd j’étais curé de
Saint-Germain-des-Prés, au moment du synode sur la famille, j’avais proposé à
des paroissiens de participer à une réunion à condition qu’ils soient mariés
divorcés ou séparés. Une quarantaine de personnes est venue. Tous m’ont dit,
est-ce qu’il existe pour nous une possibilité de salut ?
-j’ai été 11 ans aumônier
d’étudiants. L’un d’entre eux était venu me voir. « J’ai un truc à te dire
très important : je viens de faire mon coming
out. Je veux continuer de suivre Jésus, comment on fait ? » On
peut être pris d’une envie d’un monde lisse. Mais ce monde rêvé serait un monde
terrible qui manquerait de poésie. Comment faire ? La mission d’accomp est
une mission universelle de tous les chrétiens. Où es ton frère ? L’AS ne
consiste pas à prendre la place d’un père ou d’une mère de substitution.
L’expression « père spi » est ambigüe. « Dites-moi ce que je
dois faire ? » Et bien non. Il ne s’agit pas de prendre soin de
l’autre en cherchant pour lui un travail mais de la relation à Dieu de mon
prochain. C’est cela qu’il nous faut essayer de comprendre. Comment est-ce que
nous acceptons que notre prochain ne soit pas tel que nous voulons qu’il
soit ? Comment nous pouvons rendre ce service, sans nous prendre comme des
démiurges ? Comment qq qui accompagne peut-il imaginer qu’il puisse ne pas
être accompagné ? Cette mission d’AS nous est donnée à tous mais pas de la
même manière. Comment est-ce que tout cela construit le corps de
l’Eglise ? On peut avoir tous les talents comme prêtre et ne pas savoir
accompagner spirituellement. Comment savoir si j’y suis appelé ou
pas ?
-D’abord en ayant une relation à D
par la prière qui m’éclaire sur moi-même. Aucune relation n’est vraiment chaste
mais le savoir est un premier pas de sagesse et de purification.
-Et être accompagné soi-même par
un frère qui va être témoin de la manière dont l’Esprit saint va résonner en
moi.
Qu’il y ait des besoins, c’est
indéniable. Des jeunes et moins jeunes veulent s’engager avec enthousiasme. Il
faut aussi accompagner des catéchumènes, des fiancés. Chacun en sent ou pas le
besoin à tel ou tel moment de l’existence. Et il doit trouver quelqu’un de
disponible dans l’Eglise. Et à qui proposer ses services quand on a discerné
que cet appel était le mien ? Il faut réfléchir ensemble à la manière de
bâtir ce projet. Amoris Laetitia le
rappelle avec force : « Nous devons
aider nos frères à éclairer leur conscience ». Dans d’autre diocèses, des dispositifs se créent dans les
paroisses ou des lieux spirituels. Cela nous presse à prendre cette question au
sérieux.